Mylène Benoit
Corps sensible
Chorégraphe parmi les plus inspirées de sa génération, Mylène Benoît s’est révélée avec une écriture chorale et des sujets en prise avec le monde. Fondatrice de la compagnie Contour Progressif en 2004, la Parisienne repousse inlassablement les limites du corps humain, à la croisée de l’intime et du collectif.
Qu’elle sonde les liens entre les morts et les vivants avec des marionnettes (Georges) ou ausculte l’impact du cinéma, de la télévision et des jeux vidéo sur nos corps (La Chair du monde, Effet papillon), Mylène Benoit revendique une démarche engagée. « La scène doit être un espace politique, clame-t-elle. Les artistes ont une responsabilité civique et le pouvoir d’embellir et de changer la société ». Au-delà des sujets, le travail de la Parisienne passe aussi par « l’éducation populaire ». Pour exemple Diotime et les lions, pièce jeune public où les enfants nourrissent le récit, assis en cercle autour des interprètes. Tel un rituel ancestral, ce format permet de « briser la barrière entre la scène et la salle ». Sur les planches justement, l’ancienne élève des Beaux-Arts de Londres et du Fresnoy de Tourcoing ne s’interdit aucune discipline, du chant au théâtre d’objet, de la musique à la danse. Fruits de longs mois de préparation et de recherche, ses spectacles relèvent de la « synesthésie », à l’image de L’Aveuglement. Plongés dans l’obscurité, les yeux bandés, trois danseurs-chanteurs expérimentent ici un éventail de sens, de perceptions, transformant littéralement « la voix en lumière ». Dans Archée, sa dernière pièce, Mylène Benoît célèbre cette fois la puissance des femmes, à corps et à cris, ça va de soi.
propos recueillis par Let’s Motiv